Les circonstances de la composition sont dramatiques. Nous sommes en 1893. On ne badine pas avec les affaires de mœurs dans l’aristocratie russe.
Tchaïkovski a eu des relations avec le neveu d’un prince. Convoqué à un tribunal d’honneur, le compositeur est sommé de se suicider. Longtemps a prévalue la thèse officielle de la mort par le choléra. Il semble bien que Tchaïkovski se soit empoisonné, en application de la sinistre sentence. Mais avant de passer de vie à trépas, il a dédié son ultime chef d’œuvre à son grand amour, Vladimir Davydov. Il lui écrit : « Ma nouvelle symphonie recèle un contenu programmatique qui restera une énigme pour tous. Qu’ils trouvent eux-mêmes ce qui s’y cache »
Tchaikovsky et son grand amour Vladimir Davydov
Y’a-t-il une vie après Mravinsky, pour la Symphonie Pathétique ? Autrement dit, le grand chef russe a-t-il gravé la version définitive de l’œuvre, celle qu’aucun autre n’a égalé et n’égalera jamais ? Cet orchestre tendu à se rompre, ce souffle immense, cette intensité lyrique alliée à la plus grande rigueur, cette plongé dans l’abime et en même temps cette prodigieuse énergie qui défie la Mort…Qui est en mesure de nous offrir une interprétation aussi réussie, mieux enregistrée sur des meilleurs instruments que ceux du Philharmonique de Leningrad ? En clair : connaitrons-nous un jour la grande version moderne de la Pathétique ?
Y’a-t-il une vie après Mravinsky, pour la Symphonie Pathétique ? Autrement dit, le grand chef russe a-t-il gravé la version définitive de l’œuvre, celle qu’aucun autre n’a égalé et n’égalera jamais ? Cet orchestre tendu à se rompre, ce souffle immense, cette intensité lyrique alliée à la plus grande rigueur, cette plongé dans l’abime et en même temps cette prodigieuse énergie qui défie la Mort…Qui est en mesure de nous offrir une interprétation aussi réussie, mieux enregistrée sur des meilleurs instruments que ceux du Philharmonique de Leningrad ? En clair : connaitrons-nous un jour la grande version moderne de la Pathétique ?
Et si ce n’était pas un rêve, si cette enregistrement existait ; quelque part dans un rayon ou sur le net. Votre serviteur est parti à sa recherche.
Leningrad Philharmonic Orchestra, Evgeni Mravinsky (1960) êêêê ²²
Voir ci-dessus. Ecouter Disque 2 plages 3 à 6
Orchestre Radio Symphonique de Berlin, Ferenc Fricsay (1959) êêê ²²²
Un an avant Mravinsky, le chef hongrois frappait un grand coup avec cette Pathétique aux couleurs fauves, moins sombre que son homologue russe, mais toute aussi dense. La direction de Fricsay est enthousiasmante. On sent un rapport fusionnel entre le chef et l’orchestre, loin de la discipline de fer que Mravinsky impose à ses troupes. C’est la version de la parole libérée… et des tempi élastiques. D’autres déploreront ce côté extraverti et une certaine surexposition sonore, notamment dans le Lamentoso final. Mais nous recommandons cet enregistrement aux néophytes, d’autant que la prise de son est excellente pour l’époque. Ecouter
State Symphony Orchestra of the Russian Federation, Evgeny Svetlanov (1990) êêê ²²²
En concert à Tokyo, Svetlanov offre à l’auditoire une Pathétique qui décoiffe. Ce n’est pas la plus équilibrée, ni la plus nuancée : cuivres acérés, roulement de timbales énormes, grandes nappes de cordes, quelques faiblesses sur certains pupitres. C’est un peu une version à effets. Svetlanov dramatise à souhait l’Allegro initial. C’est avec Mravinsky et Fricsay, l’un des rares chefs convaincants dans le 3ème mouvement, si fébrile. Et la noblesse du Lamentoso ne peut laisser insensible. La Symphonie s’achève aux fins fonds du désespoir. Une terre noire et humide envahit tout. La Mort est déjà là.
Orchestre National de France, Riccardo Mutti (2003) êêê ²²
Autre enregistrement de concert, au Théâtre des Champs Elysées à Paris et petite déception. Notre Orchestre National fait un peu pâle figure, au travers d’une prise de son artisanale qui ternit les bois et les cuivres. Mais le chef italien joue une carte maîtresse : la fragilité comme ressort de la tragédie. De nombreux passages sont au bord des larmes. Les silences serrent la gorge. Les sommets d’intensité vous chavirent le cœur. Et Mutti termine par un Lamentoso d’une ferveur bouleversante.
London Philharmonic Orchestra, Vladimir Jurowsky (2008) êêê ²²²²
La Pathétique, rien que la Pathétique, sans le pathos, avec toutes les notes, de beaux alliages de timbres comme ce superbe fondu enchainé après le coup de gong dans le Final. Tout est précis, parfaitement clair, même dans le presto du premier mouvement, qui part comme un coup de revolver et file à un train d’enfer. Voilà une version de combat, ce qui ne veut pas dire exempte de sentiment, juste ce qu’il faut et pas un iota de plus. On souffre, mais on garde la tête haute et on ne pleure pas s’il vous plait. Ecouter
Los Angeles Philharmonic Orchestra, Carlo Maria Giulini (1981) êê ²²²
Le chef italien a gravé en 1961 une Pathétique un peu brouillonne mais puissante et sauvage. Vingt années plus tard, il remet les choses à plat. Sa vision est plus introspective. L’enjeu est de taille : débarrasser l’œuvre de son contenu dépressif, en retrouver la beauté formelle et une certaine élévation. Pari à moitié réussi. Giulini n’évite pas une certaine tiédeur. Mais le dernier mouvement atteint au sublime.
Conclusion
La grande interprétation moderne se fait toujours attendre. Mravinski 1960 reste insurpassée. Fricsay 1959 constitue une très belle alternative. Et Mutti 2003 est la version « Dame de cœur »
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