mardi 4 septembre 2012

A Ceremony of Carols de Britten

Né en 1913, disparu en 1976, le compositeur anglais Benjamin Britten avait un goût prononcé pour les voix en culotte courtes, en tout bien tout honneur.
 L’opéra The Turn of the Screw (Le Tour d’écrou), inspiré du roman de Thomas Mann, met en scène un jeune garçon et sa sœur. Le War Requiem, la Spring Symphony, et d’autres œuvres moins connues font appel à des cœurs d’enfants et/ou à de jeunes solistes.

                                                                       Le Tour d'écrou

En 1939, Britten quitte le Royaume Uni pour les Etats Unis. Il revient dans son pays en 1942.C’est au cours de la traversée qu’il harmonise neuf chants de Noel anglais des XVIème, XVème et XVIème siècles. Cette nouvelle composition est écrite pour voix aigues et harpe. Elle débute et s’achève par un chant de procession en latin et comprend un interlude à la harpe. Créée le 5 décembre 1942 à Norwich, A Ceremony of Carols est l’une des œuvres les plus célèbres de Britten. Jetez une oreille et vous comprendrez pourquoi.


Copenhagen Boys’ Choir, Benjamin Britten (1957, mono)  êêê ²²
Voilà qui aiguise l’écoute après tant de lectures guindées, angéliques, captées dans des abbayes et autres édifices où lignes vocales et harpe se perdent sous les voutes. Rien de tel ici. Le compositeur emmène les jeunes chanteurs et semble leur dire : Chantez tant que vous pouvez. Mettez-y du chœur. Le vibrato est certes un peu daté. Mais quelle fermeté, quelle ardeur ! Quels solos diablement incarnés ! L’étrange Spring Carol titille le poil. Les voix se frottent et chuintent dans This Little Baby. La harpe accroche, trame magnifiquement le tissu vocal. Very exciting !

King’s College Choir, Cambridge, Sir David Willcocks (1972)  êêêê ²²²
Le début évoque le passage d’un monde à un autre. La beauté des chœurs a quelque chose d’irréel, de très construit aussi. Ces chants de Noël sont mis en espace avec beaucoup d’intelligence. Les deux sopranos, aux timbres bien différents, chantent en véritables solistes. Leur entrée respective dans les quatrième et cinquième pièces donne le frisson. Ils trouvent enfin le bas médium et le grave (In Freezing Winter Night). Le début de l’Interlude est enfin intéressant. Tout au long de cet instrumental, la harpe raconte quelque chose. On ne sait quoi. Et on ne saura jamais. Acoustique ample mais chaleureuse. Un enchantement. Ecouter plages 4 à 15

Boni Pueri, Jakub Martinec (2004)  êêê ²²²
Il s’agit d’un arrangement pour soprano, alto, ténor et basse d’un compositeur anglais : Julius Harrisson, chanté par un chœur tchèque d’enfants et d’adultes, enregistré en studio. Ambiance profane, rustique même, comparée au King’s College. C’est un petit enfant dont on chante la venue au monde, pas celle du Messie. La fraicheur de ces voix rappelle l’enregistrement de Britten. L’articulation avec la harpe est idéale. L’envoutant Interlude ouvre vers d’autres horizons, avec son petit côté A l ‘Aube du 7ème jour d’Ennio Morricone. Si vous possédez déjà une version « normale », celle-ci constitue un excellent second choix.

King’s College Choir, Cambridge, Stephen Cleobury (1990)  êê ²²²
Cette lecture délicate et ciselée a les défauts de ses qualités. La facture vocale est superbe : sens du détail, pureté impressionnante dans les aigues, très jolies voix solistes qui peinent à atteindre le grave. Intonations et articulations soignées mais la structure générale manque de corps, surtout la harpe. On s’ennuie dans l’Interlude. Prise de son cristalline, un peu lointaine. Ecouter plages 1 à 12


La version de référence



A écouter également
Les Illuminations, pour voie aigue (soprano ou ténor) et orchestre, sur des poèmes d’Arthur Rimbaud, par Ian Bostridge, l’Orchestre philharmonique de Berlin et Simon Rattle (2005) êêêê ²²² 



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