lundi 18 juin 2012

La Deuxième Symphonie de Rachmaninov

Le destin de Rachmaninov est marqué par une renaissance ; celle d’un homme que l’échec de
sa Première Symphonie en 1897 plonge dans la dépression. Des séances de psychothérapie redonnent au musicien russe le goût de composer.
 En 1901 il écrit son Deuxième Concerto pour piano qui remporte un immense succès. C’est le début d’une intense période créatrice.  Le 26 janvier 1908, Rachmaninov dirige à Saint-Pétersbourg la création de sa Seconde Symphonie. L’Accueil est triomphal et l'œuvre s'impose sans peine en Russie comme à l'étranger.

Les thèmes, les couleurs, l'architecture, tout  dans cette symphonie est superbe. Mais comment restituer cette beauté, cette intensité lyrique sans faire de la bouillie ou de la confiserie ? Comment faire entendre cette orchestration luxuriante, ce raffinement des timbres, ces multiples plans sonores sans tomber dans une froideur analytique ?
Encore une partition piégée, donc. Mais nous avons trouvé six enregistrements qui évitent ces deux écueils. Trois d'entre elles sont même de très grandes, de très belles versions.


Concergebow Orchestra Amsterdam, Vladimir Ashkenazy (1981) êêêê ²²²²
Dans un vaste espace sonore, le prestigieux orchestre hollandais confronte d'impressionnantes masses sonores, cordes graves notamment, des solos de bois bien galbés, des cuivres tendus, précis. Le tissu orchestral est très aéré. On entend tout, absolument tout, sans sollicitation. Ashkenazy trouve l'équilibre idéal entre les pupitres, les tempi idoines, la tension dramatique nécessaire et insuffle à l'œuvre une dimension métaphysique. Ecouter Disque 2 plages 1 à 4

London Symphony Orchestra, Andre Previn (1973)  êêêê ²²²
Le compositeur et chef d'orchestre américain André Previn ne dispose pas d'un orchestre aussi somptueux que le précédent. Alors qu'Ashkenazy est un architecte du son, Previn construit la symphonie en s'appuyant sur les lignes de chant, relevant de ci de là une couleur, une tournure mélodique, comme dans une eau-forte. Cependant, tout s'enchaîne avec beaucoup de naturel. Les contrastes dynamiques sont plus ténus. La tension se joue à l'intérieur. C'est une version plus typée, plus sensuelle que la précédente. Idéal pour découvrir l'œuvre. Ecouter plages 1 à 4

Bolshoi Theatre Orchestra, Evgeny Svetlanov  êêêê ²
Avec le grand chef russe, la Deuxième Symphonie devient une immense fresque épique : couleurs burinées, sonorités guerrières, cuivres tranchants. La dimension lyrique est exacerbée, voire sublimée. L’impact émotionnel est tout autre que dans les versions précédentes. L’on se rend compte à quel point cette musique gagne à être jouée ainsi, sans retenue, sans concessions. Seule réserve : une prise de son fruste qui épaissit l’orchestre et acidifie les timbres.

URSS States Symphony Orchestra, Evgeny Svetlanov (en concert, 1985)  êêê ²²
Deux décennies plus tard, le chef russe enregistre de nouveau la Symphonie, en public à Moscou. La conception a peu varié, toujours aussi tonique et débridée. Des tempi plus larges, une certaine épaisseur et une prise de son très réverbérée alourdissent un peu l’ensemble.  Svetlanov supprime la reprise du très beau second thème du scherzo. Mais ne boudons pas notre plaisir. Rachmaninov ainsi dirigé, ça a de la gueule.

St-Petersburg Philharmonic Orchestra, Mariss Jansons (1993)  êêê ²²²
Après Svetlanov le sanguin, le chef letton Mariss Jansons est plutôt un analyste. L’œuvre révèle un raffinement de détails inouï, au service d’une belle mais sobre expressivité. Le très bel orchestre de St-Petersburg excelle dans la finesse et les demi-teintes. Tout de même, cette version est un peu trop « moderato », y compris la prise de son, quelque peu lointaine. Ecouter Disque 2 plages 1 à 4

Orchestre philharmonique de Berlin  Lorin Maazel (1982)  êê ²²²²
Le chef américain s’est parfois rendu coupable de fautes de goût dans certains répertoires. Rien de tel ici. Son Rachmaninov file droit, ne s’encombre pas de jolis phrasés. Cette lecture, toute aussi raffinée que celle de Jansons, s’avère nettement plus vigoureuse et colorée. Le Philharmonique de Berlin est à la fête. Alors c’est elle : la Version Moderne de la Deuxième Symphonie. Petit rappel : Rachmaninov est un compositeur de musique romantique russe. Ecouter


Les deux versions de référence







A écouter également
Un chef d’œuvre méconnu : le poème symphonique l’Ile des Morts par Evgeny Svetlanov (1974) êêêê²², au climat sombre et envoutant.

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