mercredi 13 juin 2012

Le Quintette pour piano et cordes de Sibelius

L'œuvre revient de loin. Composée en 1889 - 90, Sibelius avait alors 24 ans, elle ne fut donnée intégralement en concert qu'en 1965, huit ans après la mort du compositeur. Il faudra attendre 1993 pour la publication.
Sibelius doutait de ce Quintette, influencé par les autorités musicales de l'époque. Il s'agit pourtant de sa première création d'envergure, pas seulement en raison de sa durée : 38 minutes environ. La composition d'un quintette pour piano et cordes est un exercice délicat du fait d'un statut hybride entre quatuor avec piano ajouté et concerto pour piano. Schumann, Brahms, Dvorak, Franck, ont commis d'excellents quintettes. Celui de Sibelius ne démérite pas en comparaison. L'oeuvre regorge de belles idées mélodiques, de développements intéressants, de changements d'atmosphères. Bien écrite, homogène, elle reste peu connue en France, même si quelques musiciens la défendent avec conviction.
A ce jour, il existe cinq enregistrements. Quatre nous semblent intéressants


Anthony Gooldstone, Gabrieli string Quartet (1989)  êêêê ²²²
La chaleur de l'expression, la plénitude instrumentale, l'engagement des musiciens contribuent à la suprématie de cette version. Le ton est épique, la caractérisation de chaque mouvement, de chaque séquence, optimale. Les solistes relancent constamment l'intérêt, même dans les développements erratiques du mouvement initial. L'Andante chante comme jamais. Le final est décoiffant avec ses rythmes de danse sauvagement interrompus. Un régal. Ecouter plages 1 à 5

Coull Quartet, Martin Roscoe (2008)  êêê ²²²
Les  phrasés sont plutôt courts, le piano manque un peu de couleur. Le violoncelle attire l'attention : onctueux, chantant. Une vraie tendresse imprègne toute l'œuvre. Le dernier mouvement étonne par son atmosphère ambiguë. La prise de son moins réverbérée que dans la version précédente contribue à la ferveur intimiste de l'ensemble.Ecouter plages 1 à 5

Jakko Kuusisto, Laura Vikman, Anna Kreeta Gribajcevic, Joel Laasko, Folke Grasbeck (2005)  êê ²²²
Large scène sonore, clarté du discours, relief, rien à redire quant à la forme; cette version fonctionne parfaitement. Le piano devient l'ossature d'une oeuvre bien articulée, qui avance. La prise de son brillante donne à entendre une froide perfection instrumentale. L'Andante si peu habité en est une parfaite illustration. Pour le lyrisme, on est prié d'aller voir ailleurs.

The Sibelius Academy Quartet, Erik T. Tawaststjerna (1985)  ê ²²
L'affiche est prometteuse. Erik T. Tawaststjerna a réalisé une belle intégrale de l'oeuvre pour piano de Sibelius et une monographie du compositeur. Au sein du quatuor, Artos Noras est l'un des plus grands violoncelliste finnois. Les premières mesures, d'une mélancolie poignante, sont de bon augure. Mais la musique ne décolle pas. Tout est chétif, étriqué. On trouve de ci de là  quelques jolies tournures, de douces inflexions, des points d'animation comme les pizzicati du Scherzo. Il est alors bien trop tard.


La version de référence





A écouter également
Le chef d'œuvre de la musique de chambre de Sibelius : le Quatuor "Voice intimae" par les Gabrielli string Quartet (1989)  êêêê

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