lundi 18 juin 2012

Les Vingt-quatre Préludes et Fugues de Chostakovitch

1950. Depuis deux ans, Chostakovitch, compositeur russe (1906 - 1975) n’est plus autorisé à  jouer ses œuvres en concert, sauf devant les dignitaires du partie et l’armée. Il peut cependant se rendre à l’étranger.
 A Leipzig, il assiste aux fêtes pour le bicentenaire de la mort de Jean-Sébastien Bach. Il est impressionné par une jeune pianiste, Tatiana Nikolaieva. De retour à Moscou, il s’attele à la composition de quelques Préludes et Fugues, comme un simple exercice. Mais il se prend au jeu et en écrit finalement vingt-quatre, d'octobre 1950 à février 1951. Tatiana Nikolaieva, les joue pour la première fois en public du 23 au 28 décembre1952 à Léningrad.

A la croisée de Bach et de la musique pour piano du XXème siècle, le recueil s'inspire du Clavier bien tempéré quant à la forme de chaque pièce : un prélude suivi d'une fugue et des Vingt-quatre Préludes de Chopin quant à la logique interne de l’ensemble. Pour le reste, il s'agit d'une création originale, sans doute le plus remarquable des opus pour piano de Chostakovitch.
L'œuvre est intimidante, même pour les fans du compositeur. Elle représente 140 à 150 minutes de musique. Pour les néophytes, nous conseillons d'écouter ces Préludes et Fugues à petites doses. Les n° 4, 7 et 14 sont d’excellents points d’entrée.


Alexander Melnikov (2008 et 2009)  êêê ²²²
A l'évidence nous tenons ici une belle prestation avec tout le confort moderne : piano ample,  bien enregistré, beau toucher, relief. Ce jeune pianiste russe sert cette musique avec beaucoup de conviction. Grandeur, puissance, souplesse, respiration, sens de la gradation, il y a tout pour convaincre. Deux petites réserves néanmoins. Ces Préludes et Fugues ont quelque chose de minéral. L’ambiance sonore est un peu trop claire. Très bien, cependant, pour découvrir l'œuvre. Ecouter

Tatiana Nikolaieva (Second enregistrement, 1990)  êêê ²²
Chostakovitch a  écrit cette musique pour elle. Autant dire que nous sommes dans la cour des grands. Voici des Préludes et Fugues denses et magistraux. Les accords sonnent comme dans une cathédrale. C'est une expérience mystique…si l'on adhère. En effet, l'artiste laisse de coté la modernité de l'oeuvre. C'est un choix. L’apprôche n’est pas facile. Mais la concentration, la rigueur forcent l'admiration. Ecouter

Konstantin Scherbakov (1999)  êêê ²²²
Le sens du détail, les subtilités, un certain raffinement font tout le prix de cette interprétation, très bien enregistrée. Nous sommes loin des hauteurs de la version précédente, mais bien sur le continent "Piano du 20ème siècle". Il y a moins de puissance que chez Melkinov mais plus de couleurs et de légèreté. Pour approfondir. Ecouter

Vladimir Ashkenazy (1996 à 1998)  êê ²²
Ce disque a étés encensé dès sa parution. Il est vrai que l'on ne trouve pas ailleurs cette maîtrise de l'architecture, cette variété des tempi, cette manière d'habiter ces préludes type "Musique du Silence", de marquer les rythmes. Mais ce son un peu pauvre, parfois étriqué rend certaines pièces difficiles. Réservé aux connaisseurs, donc.Ecouter

Caroline Weichert (1991 et 1992) ê ²²²
Ce piano bien galbé, cette netteté du trait, le relief peuvent séduire de prime abord. Mais les rythmes piqués, les staccatos un peu systématiques, des pièces lentes peu ou pas habitées marquent les limites de cette approche. Souvent, la pianiste joue trop fort. La dimension intérieure est absente.


La version conseillée

 

A écouter également :
Les Préludes et Fugues n° 14, 17, 15, 4, 12,23 par Sviatoslav Richter (1993)  êêêê ²²²
Une sélection mais quelle sélection ! D'une puissance magistrale. Avec des fugues implacables. Idéal pour aborder l'œuvre.

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