mercredi 13 juin 2012

La Quatrième Symphonie « Romantique » de Bruckner

Organiste de formation, devenue compositeur sur le tard, Anton Bruckner, musicien autrichien (1824-1896) est le créateur de neuf symphonies, toutes réussies, et le seul compositeur du XIXème à rivaliser avec Beethoven sur ce terrain.
 Etrange personnage que cet autrichien lesté d’un énorme complexe d’infériorité, notamment par rapport à Wagner, remettant sans cesse sur le métier certaines de ces symphonies. D’une inspiration mystique voire métaphysique, cette somme symphonique est portée par un souffle immense.

La Quatrième Symphonie a été  écrite en 1874. Bruckner l’a révisé en 1878 puis en 1880, y apportant des modifications substantielles. C’est lui qui a donné ce titre de « Symphonie Romantique ». Il avait conçu à l’origine un programme se référant à des scènes de vie médiévales. Mais il faut plutôt y voir une immense ode à la nature.  
Des neuf symphonies, la Quatrième est sans doute la plus accessible : Structure claire et équilibrée, écriture aérée, climats plutôt lumineux, belles gradations qui mettent en valeurs les différents registres de l’orchestre.


Orchestre philarmonique de Berlin, Eugen Jochum (1965)  êêêê ²²²
Le grand chef brucknérien  a gravé dans les années 60 une intégrale des Symphonies de Bruckner dont cette Quatrième qui reste au sommet de la discographie. Aucune autre version n’a réussi à ce point la fusion entre la puissance et la douceur, entre le pastoral et le spirituel. Jochum se garde de tous les excès, de toutes les tiédeurs possibles dans ce type de musique. Sa « Romantique » est d’une évidence vertigineuse. Ecouter plages 1 à 4

Orchestre symphonique de Vienne, Wolkmar Andreae (1953, mono)  êêêê ²²
Extraite d’une autre intégrale des symphonies, voici une Quatrième étonnante, loin des profondeurs mystiques et des grands équilibre de la version précédente. C’est une interprétation chaleureuse et colorée. Les bois assez en avant, les cuivres tranchants donnent une carnation toute particulière à l’œuvre. Les tempi sont nettement plus rapides que ceux auxquels nous sommes habitués dans Bruckner aujourd’hui. Mais cette symphonie se prête bien à cette vélocité. Prise de son d’excellente qualité pour l’époque.

Orchestre philharmonique de Vienne, Wilhelm Furtwängler (1951, mono)  êêê ²
Enregistré en public, cette version impose une intensité dramatique peu commune. En moyenne beaucoup moins rapide qu’Andreae, Furtwängler ose tout : accélérations, épisodes fulgurants, tutti fracassants, méditations et silences impressionnants. Le Scherzo baigne dans un climat fantastique. Dommage que le chef ait choisi la révision Lowe avec un Final tronqué. D’autres « petzouilles » tempèrent notre enthousiasme : bruits de salle et de pupitres, fausses notes, dynamique compressée sur certains passages (Final). Ecouter plages 1 à 4

Orchestre philharmonique de Berlin, Günter Wand (1998)  êêê ²²²²
A l’instar d’Eugen Jochum, Günter Wand a beaucoup dirigé et enregistré Bruckner. Le chef allemand nous offre ici une Quatrième en apesanteur, d’une clarté polyphonique idéale. C’est un somptueux travail d’orchestre, qui s’appuie notamment sur la rigueur des tempi et sur la tenue des cuivres. Les sonorités légèrement enveloppées (ces cordes moelleuses !), l’élégance des phrasés évitent toute froideur, mais pas un certain hiératisme. A qualité sonore comparable, on peut préférer la puissance visionnaire de Jochum… ou la version suivante. Ecouter

Orchestre philharmonique de Munich, Sergiu Celibidache (1998)  êêê ²²²
Le chef roumain est connu pour la lenteur de sa direction, pas seulement dans Bruckner. Sa « Romantique » dure 10 minutes de plus que celle de Wand, déjà plutôt lente. Autant être prévenu, la lenteur ne va pas de soi dans certaines sections de cette symphonie et ce parti pris peut irriter ou décourager. Cela dit, on ne peut qu’admirer la plénitude qui irradie toutes les voix de l’orchestre, sauf les timbales, un peu noyées. Un soupçon de tendresse vient apporter un supplément d’émotion à cette interprétation décantée. Ecouter


La version de référence

  

A écouter également
La Septième Symphonie dans la version lyrique et chaleureuse d’Eugen Jochum avec l’Orchestre philharmonique de Berlin (1964)  êêêê ²²²

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